15 août 2018
Photo : allociné
Faut-il parcourir un labyrinthe cauchemardesque dans Los Angeles pour retrouver sa petite amie soudainement disparue ? C’est ce que fait Sam (Andrew Garfield, épatant), dans Under the Silver Lake, le dernier film de David Robert Mitchell. Voici notre héros, un geek fauché et désœuvré en quête de célébrité à Hollywood, à la recherche de Sarah. Il traverse toute une série d’étapes, inquiétantes et désopilantes à la fois, au cours desquelles s’insinuent un certain nombre d’indices et de codes qu’il doit percer : le dessin d’un plan sur des boites de céréales, des disques qu’il doit lire à l’envers… Au cours de ses pérégrinations et de ses semblants d’enquêtes, c’est bien Los Angeles baignant dans la culture pop qu’il parcourt et qui se dévoile à travers tous ses lieux fantasmatiques. On y voit la tombe d’Alfred Hitchcock pour bien nous renvoyer à son film Vertigo dans lequel James Stewart poursuit avec angoisse la blonde Kim Novak. La mère de Sam ne jure que par Janet Gaynor, star du muet. Au hasard de ses aventures, mi-réelles, mi-imaginaires ou carrément rêvées, auxquelles on ne comprend pas grand-chose (la référence au Grand Sommeil de Howard Hawks avec Humphrey Bogart s’impose ici), Sam se retrouve nez-à-nez avec Marilyn Monroe dans son dernier film inachevé, Something’ Got to Give réalisé en 1962 par George Cukor. On croise des apprenties starlettes dont les rêves s’épuisent dans des publicités pour produits cosmétiques. Les bars, les parties où sévissent les industriels de Hollywood, entre drogue et prostitution, et les sectes new ages, n’ont plus de secrets pour Sam. Mais cela ne lui permet pas de mener à bien sa recherche pour autant. Voici également un dessinateur-scénariste pas mal dérangé qui hallucine autour de toutes sortes de théories du complot. Le rôle est d’ailleurs tenu par Patrick Fischler que l’on a déjà vu, angoissé, dans Mulholland Drive de David Lynch. Encore un clin d’œil de David Robert Mitchell. Le film se déverse par jets comme le Reservoir qui alimente en eau Los Angeles et qui est au cœur de l’intrigue (d’où le titre : Under the Silver Lake) et c’est par jets continus que ce film étrille le système hollywoodien et fracture définitivement le mythe pour ne laisser de Los Angeles qu’un décor de théâtre en carton-pâte. Alors, laissez-vous aller sans crainte dans ce thriller délirant.
Under the Silver Lake de David Robert Mitchell
Avec Andrew Garfield, Riley Keough, Patrick Fischler
USA 2018
En salles depuis le 6 août 2018
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