Titre du livre : Hollywood, le prêtre et le nabab
Sous titre : Cinéma et religion aux États-Unis de 1934 aux années 2000.
Auteur : David Azoulay
Année de parution : 2015
Editions : Bréal
« Voici un livre sur le cinéma et la religion, qui se lit sans se faire prier… »
Monsieur Vintage -Avril 2015
Pourquoi ce livre ?
En 2008/2009 je commençais à sortir de mes activités professionnelles « en sifflet » pourrait-on dire. Il me fallait compenser la réduction de mon temps de travail par une autre activité qui ne pouvait être qu’intellectuelle. Alors écrire ? Certes j’avais déjà beaucoup écrit durant ma carrière : recherche, études, cours, livres de management… Je devais donc voir ailleurs. C’est là que ma formation de sociologue, mon goût de l’histoire contemporaine, mais aussi ma passion pour le cinéma américain ont fait leur œuvre. Je décidais alors d’écrire un livre sur le cinéma américain précisément. Immédiatement, je partais avec ma femme à Los Angeles pour m’imprégner de la culture cinématographique de Hollywood. Là où je pouvais mener à bien les recherches nécessaires, tant il y a là-bas une documentation d’une richesse inépuisable, notamment à l’extraordinaire bibliothèque de l’Association des professionnels du cinéma, celle qui délivre les fameux Oscars. Nous y avons passé près d’une année et j’y ai recueilli des valises et des disques durs à gogo.
L’éditeur vous en parle
Hollywood a forgé le rêve américain et celui des amoureux du cinéma. Mais que disaient tous ces films ? Qui était derrière ? Que se passait-il dans les coulisses des grands studios ? Oui, les producteurs voulaient faire valoir leurs idées. Oui, les metteurs en scène s’exécutaient, ou dans des colères noires, quittaient avec fracas le plateau. Oui encore les starlettes imposaient leurs caprices… Mais Hollywood a aussi eu tout au long du siècle des relations avec les institutions religieuses américaines marquées par des conflits à rebondissements, des ententes cordiales, des « baisers de Judas » ou une merveilleuse indifférence… Avec plus de 500 films qui illustrent ces relations, vous découvrirez les arcanes des négociations et des compromis insoupçonnés entre les patrons des studios et les religieux de toutes obédiences, professionnels du cinéma religieux ou ecclésiastiques. Passionnant et documenté cet essai se déguste comme… un roman, comme un film. Pour tous les amateurs de cinéma et de la culture américaine donc.
Préface de Michelle Perrot (extrait)
Après des études à Sciences-Po Paris (c’est là que j’ai rencontré cet étudiant curieux et boulimique), et une carrière fort active dans les « affaires », comme on dit, David Azoulay a décidé d’entreprendre une recherche sur ce cinéma qu’il avait tant aimé, de pénétrer plus avant dans les coulisses d’Hollywood.
… Et il a écrit ce livre, solide et érudit, haletant comme un western dont il embrasse les paysages, original par un point de vue curieusement négligé : la religion dans le cinéma américain.
… L’auteur développe une double approche, chronologique et thématique, tenant fermement ensemble le contexte et le texte. D’une part, en s’appuyant sur les producteurs et les productions, il retrace l’histoire religieuse du cinéma américain, des années 1930 à nos jours. D’autre part, il analyse le contenu des œuvres majeures, dans leur structure et leur message. Il le fait avec autant d’érudition que de finesse, avec cette familiarité sensible qui donne envie au lecteur de redevenir spectateur de films qu’il avait sans doute négligés par préjugé ou ignorance et qui, mis en perspective, revêtent une signification particulière. A travers ces morceaux choisis, soigneusement situés, une fresque se dessine. La dimension religieuse du cinéma américain et ses enjeux apparaît comme une évidence oubliée.
… David Azoulay saisit la quête de transcendance qui sous-tend ce cinéma. « Il y a dans les films américains comme une nécessité, une obligation de partir, de quitter le monde du mal ». Là réside sans doute sa continuité et son sens.
… Peut-on véritablement parler de films religieux ? Non. David Azoulay souligne à juste titre qu’il s’agit d’une « reconstruction technique et esthétique de la réalité religieuse », d’une représentation qui obéit aux contextes politiques ou sociétaux du moment. Mais ce qui frappe, c’est la constance de la référence au religieux. « Le religieux est présent partout, dans tous les films (..). Il s’y glisse qu’on le veuille ou non (..). La religion porte en elle un potentiel cinématographique » largement utilisé. Médiateur, Hollywood a puisé dans les traditions les plus variées pour construire un système, un langage qui a « colonisé l’esprit des masses ». Avec des limites évidentes : il s’agit de sources chrétiennes, catholiques et protestantes, plus que juives, excluant presque totalement les religions africaines, asiatiques ou amérindiennes. On pourrait ajouter qu’il s’agit d’une religion virile, où les figures féminines sont pâles ou absentes.
… Ce livre savant, argumenté, coloré, a le charme des ciné-clubs où se nourrit le cinéphile que David Azoulay nous convie à être. Autour d’un axe majeur – la religion – il met en scène de manière convaincante, efficace et suggestive, le grand récit qui a constitué l’identité américaine.
C’est qui Michelle Perrot ?
Professeure émérite de l’université Paris 7 – Denis Diderot, Michelle Perrot est historienne et auteure de nombreux ouvrages. Elle a codirigé avec Georges Duby Histoire des femmes en Occident. De l’Antiquité à nos jours (Plon, 1991-1992). Parmi les livres récents, on peut citer : Histoire de chambre, prix Femina essai (Seuil, 2009), Mélancolie ouvrière (Grasset, 2013) et Des femmes rebelles (Elyzad poche, 2014). Michelle Perrot est coproductrice des « Lundis de l’Histoire » sur France Culture. En 2014, elle a reçu le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes.